Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/190

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170 Ll'['Tl§RATUltE ITALKENNE chez Pontano, l’expression des sentiments ne saurait étre ni plus aisée ni plus musicale. L’amour tient la premiere place dans ses vers, l’amour sensuel, tout en langueurs et en caresses, sans violence passionnée, sans profondeur d’émotion ni de pensée. Mais Pontano chante aussi les chagrins et les joies de sa vie familiale, car il se met volontiers en scéne; et les couleu1·s dont il sait relever de légers croquis d’un charme tout intime, comme le babillage du petit enfant et de sa mere, échappent a toute convention. Pontano réussit meme a faire entendre, dans ses hexamétres et ses hendécasyllabes, certains échos de la vie populaire, des refrains de chan- sons, des légendes et des superstitious napolitaines. Par cette union harmonieuse et spontanée entre l’élément réel, vécu, personnel, et l’élément classique, la poésie de Pontano est une des manifcstations les plus caractéris— tiques du génie de la Renaissance. D’autres humanistes, du reste, le Pogge dans ses Facéties, }Enas Sylvius dans son Histoire de deux amants, font servir le latin a la peinture des meeurs con- temporaines et in la transcription des bons mots, des joyeux propos que l’on colportait sur la place publique; tous savent peindre un coin de paysage ou une scene d'apres nature, car tous ont le gout de l°observation. Ainsi dans cette littérature fondée sur l`imitatio11, la vie italienne pénétre peu at peu de toutes parts, et une incon- testable originalité se dégage de ce labeur trop souvent pédantesque, qui semblait condamné in la stérilité. Tou- tefois ce n’est pas dans les genres les plus sérieux, cc n’est pas dans leurs ueuvres les plus longues que les humanistes font le mieux paraitre ces heureuses qua- lités : ce qu’il y a de trop ambitieux dans leurs discours ou dans leurs essais d’épopée donne plus de relief a la