Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/197

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maximes de la sagesse antique, avec l’intention d’accroitre la majeste et la noblesse de l’idiome florentin. Dans le même but, une sorte de concours poétique en langue vulgaire est ouvert a Florence en 1441, le Certame coronario ·— le prix etait une couronne d’argent ·— sur ce sujet: << La vraie amitié ». Un des concurrents, Leonardo Dati, présenta un poeme en hexamétres et en strophes saphiques, adaptation maladroite des metres latins et grecs a la langue italienne, et Leon Battista Alberti (m. 1472) avait compose pour la circonstance un court poeme italien en hexametres. Tentative malheureuse, mais instructive: les plus fervents admirateurs de l’antiquite espéraient ainsi faire benéficier la littérature vulgaire des conquétes de l’humanisme.

Pour ce méme concours, Alberti composa encore le quatrieme livre de son traité en prose intitule Della famiglia. Le choix d’un pareil sujet est deja caractéristique, par ce qu’il a de pratique, d’intime, de vécu. Bien qu’il doive beaucoup de ses idées a Xénophon, l’auteur les transpose assez adroitement, et y ajoute assez de son expérience personnelle pour nous introduire en pleine vie italienne. La forme animée du dialogue, la langue expressive et colorée, sinon souple, car elle est encore encombrée de latinismes, Font de ce traité l’ouvrage le plus distingué qui ait été compose dans la premiere moitié du xv° siecle; l`observation directe n’y tient guere moins de place, surtout dans les trois premiers livres, que l’imitation des anciens. Bien que la fusion entre ces deux eléments soit encore imparfaite ~— trop souvent l’equilibre est rompu au profit de l’imitation pure, -— il suffit qu’il ait entrevu et clairement indiqué la voie a suivre, pour qu’Alberti mérite de figurer parmi les ouvriers les plus actifs de la Renaissance, en qualité de prosateur