Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/202

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182 LITTERATURE rrAuxNNu sa Ncncia; et le Morganle n’est a son tour qu’une parodie des poémes chevaleresques que l’0n débitait sur les places publiques. Seulement il faut bien s’entendre sur la portée de cette caricature; elle ¤’implique aucun dédain, aucuu mépris pour ces récits eux-memes; loin de 121. Pulci dut se méler souvent il l’auditoire des a can- tastorie » pour son plaisir personnel : les prouesses merveilleuses et les aventures surprenantes de Roland ou de Renaud ne le passiounaient guére moins que le menu peuple. Mais aucune des naivetés, des invraisem- blances, des inconscientes bouffonneries de ces grossiers chanteurs n’échappait il sou observation railleuse; nul n’en sentit plus que lui le comique. Il s’appropria donc le ton, le style, les artifices, les formules creuses, et jusqu’aux tics de ces narrateurs solcnnels et ignorauts; il les exagéra, et en tira les effets les plus burlesques. Le sujet lui-meme n’a pas grande importance, et l`honneu1· de Pinvention n’en revient pas a Pulci; car il n’a fait que suivre exactement, en Pégayant de saillies imprévues, un médiocre poéme anonyme. Roland indi- gné contre_ Charlemagne, qui se laisse niaisemeut duper par Ganelon, quitte su cour et passe en a Paganie »; divers paladins, Renaud, Olivier, Doon, se mettent a sa recherche; Ganelon les poursuit de sa haine et leur tend des pibges; ce ne sont que batailles, exploits extraordi— uaires contre des géants ou des monstres, sortiléges, conversions cle pai'ens et histoires d’amour. Des le debut du poéme, Roland fait grace ia uu géant qu’il baptise et qui devient son compagnon; c’est Morgante, le bon géant, sot et fidéle, qui donne son nom au poeme par un des caprices familiers in Pulci, car il n’y joue pas un role essentiel, et disparalt au chant XX. Ce colosse d`une vigueur aussi irrésistible que son appétit est formidable,