Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/205

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LE xv• siizcma iss gaire. Mais au lieu de 1·eIever d`une pointe d’ir0nie les naivetés de la poésie populaire, c’en est la fraicheur et la grace qu’il mit surtout en valeur. Ses rispetzi et ses ballades, abstraction faite de quelques pieces burlesques, développent les lieux communs amoureux les plus rebat- Yus, avec une délicatesse d’images et d’expressions, un sentiment de la forme et de l’harmonie, un art, pour tout dire en un mot, qui charme et surprend, tant il est raffiné sans apprét, subtil sans miévrerie, conscient de lui-méme avec un air d’ingénuité. Tels sont les fruits que la poésie italienne, aprés un temps d’abdication appa- rente, recueillait de sa studieuse intimité avec les grands écrivains de Rome et d’Athénes. Mais le Politien fit plus: dans des genres purement populaires il introduisit, avec un art tout classique, des fables, des idées, des sentiments antiques. Sa Fabula di Orféo, composée durant un sejour a Mantoue en 1480 — il avait vingt—six ans,— n°est pas, in proprement parler, un premier essai de tragédie : on y retrouve tous les caracteres de la Rapprcsentazione sacra; l’action, élément primordial du drame, y fait dél`aut, et ce n’est guere qu’une idylle, une élégie d’une grande douceur. Toute l’importance de l’ceuvre, abstraction faite du style, est dans cette intrusion de - l’antiquité dans un spectacle jusqu’alors réservé aux sujets chrétiens. V Le 28 janvier 1475 eut lieu un tournoi dont le héros fut Julien de Médicis, frére cadet du Magnifique L’usage voulait que le souvenir de ces fétes {ut perpétué par la poésie : comme Pulci avait célébré la Giostra de Laurent en 1469, le Politien fut chargé de chanter celle de Julien. Ricn de plus ingrat qu’un pareil sujet. Le poete se rejeta donc sur de brillants épisodes prépara- toires, et lorsque, le 26 avril 1478, Julien tomba sous le