Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/211

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uz xv* siizcuz Ni celui de Charlemagne et de ses paladins; mais tandis que la nc matiére de France » plaisait surtout au peuple, sous la forme désormais consacrée de Pottava rima italienne, la e< matiere ds Bretagne » charmait la société plus cul- tivée, qui continuait a lire en francais les romans de la Table Ronde (I" partie, ch. I, § ur). A la cour de Milan, de Mantoue, de Ferrare, les nobles chevaliers et les gsntilles dames faisaient leurs délices des aventures de Lancelot du Lac et de la reine Guenievre, de Tristan et d`Iseut la blonde. L°usage des tournois entretenait le gout des combats singuliers et des beaux coups d’épée, de ceux surtout que l’on échangeait pour faire honneur aux dames; is peine affranchie de sa rudesse féodale, cette aristocratie lettrée ne révait que d’amour et de courtoisie. Boiardo eut alors un trait de génie : transformer en chevaliers de la Table Rondo les paladins ds France, trop primitifs et trop incultss pour faire figure dans le beau monde, et leur mettre au cmur un amour qui put donner a leurs actions, comme at leurs pensées, un tour entiérement nouveau. Chanter ec Roland amoureux »: ce titre seul annonqait une révolution. Au cycle de Charlemagne, Boiardo emprunte donc ses héros, si connus, si aimés du public qu’il n’en était pas de mieux appropriés at une épopée chevaleresque, et avec ses héros les grandes lignes de l’action : Charlemagne attaquc par les infideles, la France envahie, presque sans défense, ses meilleurs chevaliers se trouvant engagés dans des entreprises lointaines. Le reste -— amours, jalousies, rivulités, ruses féminines, magie, toute la psychologie, tout le merveilleux — releve directemeut du cycle breton. La fusion iutime des deux éléments, qui jusqu’alors ne s’étaient mélés qu`accidentellement, ne fut pas seulenient une ingénieuse conception de Boinrdo : il sut la réaliser