Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/213

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LE xv* siizcmz 193 ll espure qu’aiusi Charlemagne, oblige de faire appel E1 sa vaillance, ne lui refusera plus Angelique, la belle Sarrasine qu’il aime. Peut-etre pensera-t-on que, dans ces conditions, les caracteres sont, non pas renouvelés, mais déformés, et que Boiardo n’a guere plus de respect que Pulci pour son sujet? -— En ce qui concerne l’ironie, l’hu- mour, il y en a certes, et beaucoup, dans le Roland amoureux; une pointe de l>oufl`ounerie meme n’en est pas absente; mais a la gaité un peu débraillée de Pirrévérencieux florentin succéde le sourire de l'homme du monde, de l’homme sensé qui se rend compte mieux que personne des exagérations et des enfantillages de sa fable. Il ne prend pas un instant au sérieux les fantaisies de son imagination, et se sent d’autant plus .a l'aise pour en tirer des efl`ets comi- quos, que persounc ne peut le soupcouner de vouloir bafouer ses héros; au contraire, il a pour eux une affection visible, car ce qu’il gloriiie sous leurs noms -— et cela de tres bonne foi, -— ce sont les vertus du parfait chevalier, la valeur, la loyauté, la courtoisie, l’am0ur. Quant aux caractéres, on nc peut dire que Boiardo ait trahi eeux qu`il empruntait a la tradition. Son Charle- magne a plus de tcnue, sinon toujours plus de majosté, que celui de Pulci; Renaud est aussi moins turbulent, moins impertinent avec le vieil empereur que chez les romanciers autérieurs; Roland lui-meme ¤’est pas devenu un amoureux quelconque. Dans son cmur de guerrier un peu farouche, plus liabitué in rompre des lances qu’a courtiser les dames, l’amour produit exactement les efl`ets que l`on peut attendre : cet intrépide et ce vaillant devient, aupres d’Angélique, la timidité, lu mala- un innuns inunnoz. 13