Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/219

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l’année 1500, fut Jacopo Sannazzaro (1458-1530), dont l’existence se partage en deux périodes bien distinctes : fidèlement attaché par les liens de la reconnaissance et d’une affection sincère aux princes d’Aragon, aux côtés desquels il guerroya en Toscane et à Otrante, il suivit dans son exil en France le dernier d’entre eux, quand Naples tomba sous la domination directe de l’Espagne ; il ne rentra dans sa patrie qu’après avoir fermé les yeux de son maître (1504). Dès lors il vécut solitaire dans sa villa de Mergellina, profondément affligé de l’irrémédiable décadence qui frappait Naples en plein essor, et se consacra tout entier à la poésie, à l’étude, à la piété, exemple trop rare alors, parmi les lettrés, de dignité et de fidélité à la mémoire de souverains déchus. Membre de l’Académie Pontanienne et poète latin délicat, c’est aux œuvres en langue vulgaire composées dans sa jeunesse que Sannazar doit surtout la place distinguée qu’il occupe dans la littérature italienne de la Renaissance : quelques pièces burlesques, d’un tour purement populaire, pleines d’allusions aux événements du jour et de développements capricieux ; des « farces », c’est-à-dire des représentations scéniques, dont la forme métrique est encore un emprunt à la muse du peuple, mais dont le ton est haussé, par la noblesse des allégories et du style, à la splendeur des fêtes de cour ; des poésies amoureuses dans le goût de Pétrarque ; enfin et surtout l’Arcadia.

Ce titre est celui d’un roman pastoral, que Sannazar écrivit avant 1489, et compléta de 1502 à 1504 ; il y joue lui-même le principal rôle, sous le nom de Sincero : désespéré des dédains dont son amour est l’objet, Sincero cherche un asile en Arcadie ; là, il se mêle à la vie des bergers et décrit leurs mœurs. Plus tard, il revient dans son pays natal, apprend la mort de sa belle, et exhale