Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/224

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204 LITTERATURK ITALIKNNK nique rimée des événements dont il a été spectateur (Decennale primo, 1504; Decennale secondo, intcrrompu en 1509), et ces compositions peu poétiques nous appren- nent du moins ce qu’on chercherait en vain dans ses rapports d’af{`aires : la douleur qui l’étreint ii la vue dcs maux dont souffre l’Italie, son penchant in l’ironie ou méme au sarcasme, et sa confiance illimitée dans la puis- sance de la politique pour remédier a tout. Lorsqu’en 1512 une conspiration renversa le gonfulo- nier Pier Soderini, et rendit le pouvoir aux Médicis, Machiavel perdit son emploi de secrétaire, et dut so retirer avec sa noinbreuse famille E1 San Casciano, ou il vécut dans la géne pendant quelques années. Mais ce qui lui conlta le plus, aprés ces quatorze ans d'activité incessante, ce l`ut d'étre réduit a l’oisiveté, — épreuve bienfaisante, qui mnrit son génie par la réilexion et l’étude, et d’oi1 sortirent coup sur coup le Prince, les Discours sur Tite-Live et lcs dialogues sur l'Art de la guerre. Le secrétairc de la Seigneurie de Florence fait alors la théorie de ses cxpériences, Le Prince nous révele les préoccupations politiques qui agitaient Machiavel en 1513 : pour chasser les ¢< barbares » établis dans la péninsule, il fallait qu’un homme réussit in constituer, a tout prix, un Etat assez fort pour devenir le centre de la résistance nationale et réaliser l’unité do la patrie. Ce libérateur, Machiavel l’attend, il le cherche avec une sorte d'angoisse, et l’appel qu’il lui adresse, au nom de l’ltalie esclave, est d’une éloquence, d’une chaleur, d’une beuuté, qui n'a guere été surpassée. Lo livre n°est que l°analyse minutieuse des conditions dans lesquelles paraissaient alors possible la création et le développement d°un Etat de ce genre Tous les moyeus sont bons pour y parvenir : sans doute