Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/226

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ligne de conduite, faute de quoi la ruine était certaine ; et la vérité est que la décadence politique de l’Italie se précipita, ce prince ne s’étant pas trouvé : César Borgia, que Machiavel avait vu a l’oeuvre, et dont le souvenir est présent à chaque page du livre, était mort en 1507 ; Julien de Médicis, dernier fils de Laurent, en qui l’auteur mit un instant son espoir, mourait en 1516 ; le neveu de celui-ci, Laurent, a qui Machiavel découragé dédia son ouvrage, sans en attendre autre chose qu’un peu d’argent — encore fut-il déçu ! — disparaissait à son tour en 1519, et le Prince resta inédit jusqu’en 1531.

Les Discours sur la premiere décade de Tite-Live, commencés avant le Prince, mais terminés plus tard, renferment a peu pres les mémes idées sous une forme différente. C’est une série de dissertations, parfois un peu décousues, inspirées à Machiavel par la lecture de l’historien latin ; elles roulent sur les sujets auxquels sa pensée s’attachait le plus volontiers : la fondation des Etats, les causes habituelles de leur ruine, et les moyens propres a les en défendre. Convaincu qu’un souverain absolu peut seul présider à la naissance et à l’organisation politique d’une cité forte, Machiavel estime en retour qu`un régime de liberté est plus propre à conserver leur solidité et leur souplesse aux institutions, car il permet de les adapter graduellement aux besoins sans cesse renouvelés den peuples, et seul il fait appel a la collaboration de tous les citoyens pour veiller au salut commun. La république idéale de Machiavel est un gouvernement ou l’élément populaire, avide de progres mais turbulent, est contre-balancé par une oligarchie naturellement conservatrice. D°ailleurs il n’envisage E1 aucun moment les intéréts des diverses classes de citoyens ni ceux des particuliers : le bien de l’Etat est sa seule préoccupation ;