Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/227

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LA moss PENDANT LA pneuiisnx uorrié nu xv1• s. 201 tout s’eH`ace devant elle; rien n’a de valeur que par rap- port ai cet intérét unique. Les sentiments et les scrupules les plus respectables doivent lui etre impitoyablement sacriliés; la religion, par exemple, n°attire l'attention de Machiavel qu'autant qu'elle peut servir a gouverner. Avec tout ce qu’elle comporte de dur et d’immoral, cette conception de la politique a pourtant sa grandeur : il est impossible d’imaginer un culte plus absolu de la chose publique, joint aune confiance plus illimitée dans les ressources de l°intelligence et de la volonté humaine Machiavel ne tient aucun compte — et c’est la sa prin- cipale erreur —— de certaines forces qui constituent une si large part de la politique moderne : la prospérité des nations fondée sur leur développement économique, la volonté des peuples mieux informés de leurs droits, l’au- torité moralc que donne a un gouvernement le respect de la justice. Pour lui, le genie polilique de l`l.10Il1l'l1B — d’un homme -—doit suffire a prévoir et ai surmonter tous les obstacles; et si, ayunt tout fait pour réussir, il échoue, Machiavel ne sait voir dans cet insucces que l’intervention d’une puissance mystérieuse qu’il appelle la Fortune. Pour déjouer les trahisons de cette force jalouse, la précaution la plus essentielle semblait étre la constitu- tion de milices recrutées parmi les citoyens eux-mémes. Cette idée, longucment indiquée déjin dans le Prince et les Discozcrs, est reprise dans un ouvrage particulier, les dialogues sur l’Art ale la guerre, en sept livres. Renon- gant in exposer ici ses réilexions en son propre nom, l'auteur donne lu parole in un homme du métier, Fabrizio Colonna; il imagine un entretien dans les célebres Orti Oricelluri (jardins des Rucellai), ou se réunissait alors une société d’érudits, de lettrés, de poétes, ct que