Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/259

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LB ec no1.Am> mnmux » 239 bules, par lesquels s’ouvre chaque chant, constituent l’espace que l’Arioste s’est réservé pour y deviser en toute liberté. Chez Pulci, comme chez les poétes de carrefours, les chants débutaient par une invocation pieuse; Boiardo, en rompant avec cette nai've tradition, n’y avait substitué que par exception quelques exordes propres at donner plus de solennité a tel ou tel épisode. Avec l’Arioste, le préambule de trois ou quatre octaves, parfois davantage, devient la régle at peu pres géné· rale; et c’est la qu’il moralise aimablement at propos de ses personnages, sur les femmes, sur l’amour et ses folies, sur la jalousie, la colére, l’avarice, l’instabilité de la fortune et sur les tyrans, instruments de la vengeance divine, sans parler de quelques digressions historiques ou politiques. On chercherait d’ailleurs en vain a extraire de ces propos d’homme du monde, indulgent et spirituel, un corps de doctrine morale. Bien qu’il aspire sincerement a voir s’établir entre les hommes des relations plus siircs et plus pacifiques, l`Arioste se défend avec peine de sou- rire et de badiner, et sa prédication, assaisonnée d’ironie, cede at chaque instant la place at la satire. La méme obser- vation d’ailleurs s’applique at mainte partie de l`action elle·méme, dont l’allégorie se préte spontanément at une interprétation morale ou satirique. L`intention didactique des épisodes de la mauvaise fée Alcine, et de sa suaur la chaste et vertueuse Logistille, par exemple, est mani- feste. Quant a l’ironie, elle est si largement répandue ia chaque page, dans Pagencement fantaisiste de l’intrigue elle-méme, et dans le ton sur lequel l`Arioste en releve tout le premier l’étrangeté, qu’il est superflu d’y insister. Qu`il suffise de rappeler l’épisode d’Astolfo dans la lune : la satire des faiblesses humaines y prend une ampleur