Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/270

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ture tragique, encore qu’un peu obscure en ses ressorts psychologiques, de Sophonisbe, fille d’Asdrubal, épouse du roi vaincu Syphax, dont s’éprend Massinissa, le Numide vainqueur, allié de Rome : Scipion, redou- tant l’ascendant que Sophonisbe commence ai prendre sur l’inflammable Massinissa, coupe court 51 cette passion. La reine n’évite la honte d’étre trainee derriere le char du triomphateur qu’en buvant le poison; elle s’y résigne héroiquemeut. Le Trissin s’est borné a suivre avec iidélité le récit de Tite-Live, en calquant la conduite de l’action, la forme des scenes et l’allure du dialogue sur les tragiques grecs. ll n’y a la aucune création de caractéres, aucun pathétique veritable, aucune vie; le style meme est terne et prosaiquet C’est une fort iugé- nieuse demonstration du mécanisme de la tragédie : il n’y manque qu’une ame.

Cette lacune, qui nous chagrine, choqua peu les contemporains : l’oeuvre fut saluée comme une révélation, en sorte que l’année ou la Sofonisba fut achevée (1515) marque, en dépit de tout, une date capitale dans l’histoire de la tragédie classique en Italie, c’est-a-dire en Europe. Cette dignité soutenue, cette pauvreté d°action scénique, remplacée par des conversations et des récits, sont des caracteres qui ne s’eH`aceront plus. Les chmurs, traités par le Trissin sous forme de canzoni, et constituant la seule interruption de l’action, ne seront pas maintenus tels quels par les poetes suivants; mais le vers qui convient le mieux au dialogue tragique, l’hendécasyllabe non rimé, est trouvé d’emblée. Les essais d’un Alexandre Pazii de` Medici (Didone in Cartagine, 1525),’pour reproduire plus exactement le trimetre iambique des Grecs, ne réussiront pas plus as détréner le vers du Trissin, que le << martellien » rimé, employé plus tard, a l’imitation