Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/280

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260 LITTIERATURB ITALIBNNI ct il précha d`exempIe. Seules les formes consacrées par le chantre de Laure —- sonnet, canzone, sextine, madrigal — furent cultivées, a l’exclusion des metres populaires, comme la ex frottola » ct le ex strambotto »; seules les images de Pétrarque et ses locutions, seules sa conception de l’amour et son attitude vis-Ex-vis de sa dame furent tenues pour conlormes at la dignité do la Vraie poésie. Avec un sens délicat du style, Bembo composn laboriou- sement des pieces d`une facture irréprochable qui suffi- sait a en dissimuler, nux yeux de ses contemporains, la désespérante frcideur. Chacun voulut marcher sur ses traces, en Vénétie d’abord, puis dans toute l’ltalie, ou l’on a pétrarquisa » avec fureur. L’étude du Canzoniere devint une passion : en vue d’en faciliter l’imitation, on ls réédita de tous cotés, on le eommenta, on en catalogua toutes les rimes, les épithétes, les métaphores, sans oublier les perfections de Madonna Laura; et lc pétrarquisme se trouva ainsi a la portée de tous. Un dissident, Antonio Broccardo, de Padoue, osa protester contre cette mode, et trouva méme a rcdire aux poésies de Bembo (publiées en 1530); mal lui en prit 2 le mouvement d’indignation qu’il déchaina fut tel qu’il mourut, dit·0n, de chagrin! Au milieu de cette multitude de rimeurs, souventingé- nieux, mais pour la plupart insignifiants, se détachent quelques personnalités plus marquées, un Gsleazzo di Tarsia, de Cosenza (1520-1553), un Luigi Tansillo, de Venouse (1510-1568), eu qui You ne peut méconnaitre une inspiration sincere, tandis qu’un autre méridional, le célébrc Angelo di Costanzo (m. 1591), retombe dans les miévreries ct les artifices de mauvais gout, contre lesquels Bembo avait voulu réagir. Parmi les femmes — car la contagion ne les épargna pas, — on cite les vers élégants et froids de Veronica Gambars, avec lesquels