Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/287

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LA voérroun cnnssioun 267 Pulci, sans repousser aucune des traditionsjoyeuses qui pouvaient s’adapter at cette oeuvre caricaturale. La plus grande originalité du Baldus est le jargon, le latin macaro- nique, dans lequel il est composé : aux purs éléments clas- siques, cette langue fantaisiste associe quantité de mots italiens ou dialectaux, soigneusement latinisés, en sorte que la langue moderne et populaire s’y dissimule at peine sous le voile transparent d’une latinité et d’une versiii- cation assez correctes; de méme, les plus folles parodies y sont exprimées avec une irréprochable dignité épique. Folengo n”est pas l’inventeur de ce style macaronique, réaction plaisante contre la ferveur cicéronienne des humanistes; mais il l’a porté at un degré de perfection, qui devait bientot dégénérer entre les mains d’imitateurs vulgaires : il en a fait une création artistique, et a su le manier en véritable poéte. Les mille incidents, les menus tableaux de la vie bourgeoise, populaire, et surtout ecclé· siastique, dont son oeuvre est pleine, révélent une {ine observation et une connaissance profonde de la société contemporaine. Comme Berni, ce caricaturiste a été un des écrivains les mieux doués de sa génération, et Babe- lais n’a pas dédaigné de s’inspirer de sa maniére.

Ni les plates imitations du Roland furieux, ni les énormes parodies de Folengo ne pouvaicnt cependant satisfaire les amateurs de grande poésie. Ici encore, les choryphées du classicisme renouvelerent leurs tentatives. Le Trissin prétendit remonter at la source méme de la pure épopée, at l’IZiade, et consacra vingt années de sa vie in écrire, en vers blancs — Homére avait—il rimé des octaves? — les vingt-sept livres de l’Italia liberata dai Gozi, publiés en 1547-1548. Comme pour la Sofonisba, il eut la bonne intention de traiter un sujet nouveau, empmnté à l’histoire d’ltalie : son choix s’arréta sur les