Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/289

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LA poérroua cmssrqun 269 pensable, at la régularité et a la dignité classique; il con- vient de lui laisser le mérite modeste de cette indication. Le pere de Torquato, Bernardo Tasso (1493-1569), figure aimable d’l1omme ail`ectueux et bon, de poete distingué, astreint, comme la plupart de ses pareils, au service des grands, service pénible et plein de déceptions, se détourna plus résolument encore de la voie suivie par le Trissin. ll avait lailli prél`érer, lui aussi, le vcrs blanc at l’octave, et s’était flatté de marcher sur les traces d’Homere. L’échec de l’ItaZia liberata le guérit radica- lement de cette illusion; il ne songea plus des lors qu’a s’inspirer de la poétique fantaisiste de l’Arioste, qu'il exagéra en la rendant plus systématique. Reprenant le sujet d’un roman espagnol, Amadis de Gaula, qui avait rencontré bon accueil en Italie, il en corsa l’intrigue trop simple -— les amours d°Amadis et d°Oriane — au moyen de deux actions paralleles de son invention, entreméla le tout de multiples épisodes, et embrouilla consciencieu- sement ses fils, quittant l’un pour reprendre l’autre a tout instant. Cette reproduction mécanique du récit caprieieux de l’Arioste n’est guére moins facheuse que l’imitation artificielle du poeme homérique; la froideur n’en est pas méme compensée par le style, dont la redon- dance nous fatigue. Cependant l’Amadigi, publié en 1560, trouva de nombreux lecteurs, et il fallut presque aussitot en faire une nouvelle édition. Cet échec de l'ép0pée reguliere donnait a rélléchir aux théoriciens de la poétique classique. G. B. Giraldi eut le mérite de déclarer, dans son Discorso intorno al com- porre dei rnmanzi (1554), que Boiardu et l°Arioste avaient cultivé un genre inconnu des anciens, genre légitime en soi, bien qu’il int impossible d’y appliquer les régles d’Aristote. Lui—méme ccpendant, dans son Ercole (1557),