Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/307

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TORQUATO ·rAsso i 287 ce cuin radieux du golfe de Naples qui lui rappelait tant de chers souvenirs, et l'afI`ection quasi maternelle dont l'entoura Cornelia proHterent a sa santé et lui rendirent un peu de calme. Cependant une singuliere inquiétude lui interdisait de jouir longtemps de ce repos; l’atmo- sphere des cours était devenue pour lui une espece de poison, dont il ne pouvait plus ·se passer. Il réussit donc a reprendre sa place aupres du duc de Ferrare (avril 1578), sous la promesse de se laisser soigner; mais ass le mois de juillet, il repart pour Padoue, Venise, Pesaro, recevaut partout de ses amis un accueil afI`ectueux, ou se mélait uu vif sentiment de pitié. Alors commence une déplorable odyssée : repassant par Ferrare, il gagne Mantoue et se rend a pied jusqu’a Turin, dont les gardes lui refusent l’entrée, croyant avoir aflhire a quelque rodeur suspect. Un ami lui donne asile; les plus hauts personnages du Piémont ofI`rent de le prendre a leur service; mais, au début de 1579, il se remet en route sans avertir personne, et so présente de nouveau a Ferrare. C’était mal prendre son temps : lc duc célébrait son troisieme mariage, et les fetes absor- baient toute l’attention; une audience qu’il sollicita ne lui fut pas accordée. Alors, dans un acces de violence inaccoutumée, le Tasse éclata en invectives et en menaces au beau milieu de la cour. Conduit a l’h6pital des fous, il y fut mis a la chaine. Le séjour du malheureux poets a l’h6pital de Sant’Auna' dura plus de sept ans, du mois de mars 1579 ajuillet 1586. La dureté du régime qui lui fut d’abordimposé se relacha peu h peu : il disposa de quelques pieces, ou il pouvait librement travailler et recevoir de nombreuses visites;* ees amis venaient le consoler et le distraire; des princes, des étrangers, comme Montaigne, lui apportaient le témoi·i