Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/331

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cela repose des rimeurs, si fins artistes qu’ils soient, pour lesquels le souci de la forme est tout. Dès le début du siècle, un réveil remarquable de l’esprit critique, appliqué à la littérature autant qu’aux choses de la politique, se manifestait dans les Ragguagli di Parnaso, composés avant 1610 et publiés peu après, par Traiano Boccalini, de Lorette (1556-1613). L’auteur s’y donne pour le gazetier du Parnasse, charge de tenir les mortels au courant des propos qu’échangent les hommes illustres réunis dans Ie royaume d’Apollon; et l’objet de leurs entretiens est tout naturellement ce qui se dit et se fait sur la terre. Ce cadre iugénieux se préte il la satire de tous les ridicules, des préjugés, des injustices et même des hontes du siècle, car le ton y passe du badinage et de l’ironie à l’éloquence la plus indignée.

La politique occupe la premiere place dans les Rag- guagli, surtout dans le supplément posthume publié en 1614 sous le titre de Pietra del paragone politico. Traiauo Boccalini s’y déchaine avec véhémence contre la domination espagnole, qui soulevait alors, du sud au nord, d’unanimes Protestations. C’était le moment ou le duo de Savoie, Charles—Emmanuel, devenait une sorte de héros national, gréce a la lutte qu`il osait soutenir contre l’Espagne; in la méme date paraissaient contre les Espa- gnols deux virulentes Philyvpiques (1615), généralement , attribuées in A. Tassoni, bien qu’iI les ait désavouées. Au milieu de l’attention passionnée que provoquaient ces évéuements, T. Boccalini & eu le mérite de revenir aux saines traditions de Machiavel et de Guichardin, ii l’observation do la rénlité, ia l’analyse rigoureusement scientifique des problémes, tandis que les écrivains politiques de la génération précédente, le Vénitien Paolo Paruta (1540-1598) et le Piémontais Giovanni Botero