Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/347

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L’AIlCADlE ET mé·rAs·rAs1; 327 sentées dans la péninsule,dél`ormées plutot que traduites, et accommodées au gout du public italien, donna le signal ·du réveil. Etait-il admissible que l’Italie renongat a disputer la palme ai la France, dans un art ou un Trissin et un Giraldi avaient devancé tous les autres? Un tres vif sentiment d’émulation s’empa1·a des lettrés, conscients de la déchéance ou était tombée la tragédie italienne, et de toutes parts surgirent des rivaux aux heureux auteurs du Cid et d'H0race, de Britannicus et d’At}mZie, voire méme de Rhadamiste et Zénobie. L’élan fut si fort, les illusions si tenaces, que si l`on devait considérer seu- lement le nombre des tragédies qui f`urent alors com- posées, aucune période de la littérature ne mériterait mieux Yépithéte de ee tragique » que le xvm° siécle italien. Mais ce mouvement, superficiel et l`actice, ne correspondait en rien aux préoccupations d’une société frivole, incapable de passions profondes. Avant le dernier quart du siécle, avant Alfieri, pas un de ces poetcs ne justifia la belle confiance avec laquelle l’Italie entra dans la lice. Le public d’ailleurs ne courait qu’a l’opéra et ai la comédie improvisée; les l`ervents de Melpoméne ne pouvaient s’adresser qu’a un auditoire restreint, a la cour d’un princu lcttré 0u"chez quelque riche mécéne, dans les Académies ou lcs colléges de jésuites. Peu dc leurs essais, d’ailleurs, l`urent représentés. Quelqucs uoms ont échappé ai l’oubli ou sont ensevelis tant de poétes obscurs et de déplorables héros. Le Bolo- nais Pier Jacopo Martelli (1665-1727) appliqua son talent de versificateur agréable et fécond a l’imitation de la tragédie (`ranqaise; il nc crut cependant pas devoir adopter constamment la noblesse soutenue et pompeuse qui plaisait aux sujets de Louis XIV; car il avait de la bonhomic, et se laissait aller volontiers a une verve L