Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/387

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LA LITTIERATURB momu.1: ur Nnrnouauz 367 simplicité qui étaient la marque de cet heureux tempé- rament d’artiste. Une nouvelle tentative en francais, l’Avare faslueux, recut un moins bon accueil : il ne suffit pas d’une antithcse pour créer un personnage. Au reste, ce n’est pas dans la comédie de caractere proprement dite que Goldoni a vraiment excellé : on lui fait tort en le mettant en paralléle, sous ce rapport, avec Moliére. Sa faute a été d’appeler lui-meme cette comparaison; car il vaut mieux que les jugements plus ou moins dédaigneux qu’elle a provoqués. En réalité le talent du comique italien est d’une tout autre espéce : ce sont les aspects extérieurs de la vie qui l’ont frappé, et il les a rendus avec une verve, une fraicheur de coloris, une finesse de touche, qui en font un peintre de moaurs inimitable, au moins lorsqu’il s`agit des moeurs populaires, et surtout vénitiennes. Il pénétre moins pro- fondément dans les ames; ses héros manquent de com- plcxité (voir son Nfenleur, ses Amoureux); son art n°a rien de concentré, et n’invite guere at la méditation. L’impression qu’on en recoit est plutot celle de la joie et de la facilité : cette abondance et cette belle humeur, ce bon sens et cette robuste santé morale ont bien aussi leur prix. Goldoni n’est pas Moliére; mais il est quelque chose que Moliére n’a pas été non plus. Aux approches de la Révolution, Goldoni, qui ne scupconna pas la gravité du mouvement, composa en francais ses Mémoires (1787), dont la lecture est encore plus nécessaire peut—étre que celle de son théatre pour apprécier cette charmante et heureuse nature. Peu aprés, il connut la misére; car la pension qu’il touchait sur la cassette royale fut supprimée par la Convention. Le 7 février 1793, Marie—Joseph Chénier en obtint le rétablissement z Goldoni était mort la veille.