Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/395

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LA LITTERATURB monte in Nnioxumz 375 Des passages comme ceux-la aménent naturellement ix regarder Parini comme un précurseur de la Révolution : une satire aussi sanglante de cette noblesse déchue n’est- elle pas, dans le Giorno comme chez Beaumarchais, le ·prélude d°une dépossession définitive, qui devait profiter at la bourgeoisie, plus saine, et au peuple opprimé? Certes Parini a eu d°instinct, peut-·on dire, des sentiments démocratiques, et c’est eux qui lui ont inspiré certaines pages enflammées de son poeme; mais ni son éducation, ni son genre de vie n’avaient fait de lui un révolutionnaire; il était avant tout pacifique, et servit loyalement le gou- vernement paternel de Marie-Thérese. Les autorités autrichiennes lui surent gré d’avoir séverement admonesté une aristocratic dégénérée : on espérait que cette lecon l’amenerait in résipiscence, et peut-étre Parini a-t-il cru de bonne foi que son poeme aiderait la noblesse il secouer sa torpeur. S’il en l`ut ainsi, son aventure serait un bel exemple de ce qu’il y ad’inconscient dans la création des chefs-d’0euvre :,la portée réelle du Giorno dépasserait de beaucoup les intentions de llauteur. Lorsque la Révolution francaise franchit les Alpes, Parini ne résista pas au grand souffle de liberté qui par- tout balayait les anciens_régimes 2 malgré ses soixante- sept ans et ses infirmités, il salua avec enthousiasme l’entrée des armées républicaines at Milan (1796), et fut appelé in siéger dans la municipalité. Les intempérances de la démagogie ne tarderent pas Ei dissiper beaucoup de ses illusions, et il mourut le 15 aout 1799, partagé, comme la plupart de ses compatriotes libéraux, entre deux sentiments contraires : sa derniére poésie, écrite, dit-on, le matin meme de sa mort, est at la l`ois une imprécation contre la tyrannie jacobiue et un sévére avertissement aux Autrichiens, rentrés depuis le moi: