Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/397

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LA L1TT]§RATURE momma ET Nnioxum 377 mier ordre. Il n’avait guére qu’un an quand son pére mourut; sa mere se remaria, et des son enf`ance, qui {ut maladive et peu entourée de tendresse, il laissa pressentir un tempérament passionné, sujet ai I’emportement. Huit ans d’internat et d’ it inéducation » Ia l’Académie de Turin (1758-1766) firent de lui un {`ringant porte- enseigne, qui, dés les premiers mois, se dégouta du métier militaire. La mode était alors de voyager : il par- courut donc une premiere fois l`Italie, la France, l`An- gleterre, la Hollande (1766-68), puis, aprés un court arrét at Turin, l’AlIemagne, le Danemark, la Suede, la Russie, la Prusse, l`Angleterre, la France, l’Espagne et le Portugal (1769-1772). Mal préparé ai visiter ces divers pays, il les traversa, dit-il lui-inéme, << en vandale », poussé par une sorte de Iiévre de mouvement, attentif surtout au nombre de lieues qu°il {`aisait chaque jour, ou, lorsqu’il s’arrétait quelque part, tout entier ai ses aventures amoureuses : il en eut de tragi-eomiques en Angleterre, et de vulgaires en Espagne. Rentré ai Turin assez mal en point, il y mena pendant trois ans encore une existence peu glorieuse, engagé dans une liaison dont il rougissait, jusqu’au jour ou une force irrésistible, s’étant emparée dc Iui, lui dicta, presque sans qu’il y prit garde, sa premiere ébauche de tragédie, Cleopatra (1775); il était sauvé. Alfieri a quelque peu dramatisé l’histoire de sa rédemption morale par la poésie. Le fait est qu’il ne rompit pas aussi héroiquement qu’il l`a dit avec toutes ses habitudes, et que ses facultés poétiques s’étaient déja manifestées at plusieurs reprises; mais nilui ni ses maitres n'avaient songé a les cultiver. La justice qu°on doit lui rendre, c’est que, du jour ou il eut conscience de sa voca- tion et résolut de doter l’Italie du théatrc tragique qui