Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/451

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LE noisnnrismz m· Aniassnwno Manzoni 431 en particulier dans le parti pris avec Iequel il a résolu- ment éliminé de son uzuvre toute scéne d’amour, si courte qu’elle Tut, méme d’amour innocent et légitime, comme celui de Renzo et de Lucia. Dans un curieux morceau qu°il a retranché de sa rédaction definitive (début du chap. 1x), il avait esquissé cette singuliere théorie : il y a dans lc monde at peu pres six cents fois plus d’amour, au bas mot, qu’il n’cn faut pour-perpétuer notre especc; il est donc bien inutilc, il est meme dangereux d’excite1· ce sentiment, alors qu’il y en a tant d’autres at encou- rager! Et il ajoute : Des deux Racine, le tendre, l’auteur de tragédies passionnées, et le converti, le chrétien, ce dernier est le vrai, le grand; et s’il ent été en son pou- voir de détruire ses oeuvres profanes, personne n’aurait du hésiter at l’y aider. — Voila l’exagération flagrante, inadmissible, d’une preoccupation morale qui finit par prévaloir sur le sentiment artistique lui-meme; ce qu’il y zi de curieux, c’est qu’elle n’ait cependant pas réussi at l’étoufI`er. Mais Manzoni n’étnit pas le premier Italien qui eut réalisé une oeuvre vraiment belle, forte et populaire, en subordonnant l’a1·t at une intention didactique et at une pensée chrétienne : Dante et le Tasse l’avaient devancé dans cette voie, et Manzoni a su se placer tout at ceté de ces deux poetes dans l’aH`ection de ses compatriotes. IV Apres son roman, Manzoni ne composa plus aucune oeuvre d’imagination. Sa veine, qui eut toujours quelque chose de laborieux, meme en ses plus belles années,` s’épuisa de bonne heure, et il eut le grand mérite de nc pas vouloir la forcer : il s’arreta lorsqu’il s’upercut que