Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/469

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cmcoiuo Lnomanr 449 ricien du pessimisnie; c’est-a-dire que son désenchante- ment nous trouble surtout par son accent personnel, et nous attache, malgré nos résistances, par l’art sobre et f1-oidement cruel avec lequel il analyse sa douleur intime. Les Operelte morali, elles aussi, valent plus par la per- fection artistique que par la qualité absolue de la pensée. La facture est tres étudiée; Leopardi s`est appliqué a en renouveler le fond, un peu monotone, par un ton eh l’ironie, le sarcasme et l’humour se melent a l’éloquence, a la dialeetique la plus pressante, a la poésie meme, car ce sont de véritables poemes en prose que l_e Cham! du" cog sauvage et le charmant Elege des oiseaum. Mais par- tout se retrouvent les memes conclusions desolées, par- tout reparait l’auteur lui-meme sous des noms divers, Filippo Ottonieri, Tristan ou Torquato 'I`asso. La langue surtout, objet des soins incessants de Leopardi, coustitue un des mérites les plus appréciés du livre : Manzoni, qui s’y connaissait, déclarait que it l’on n’avait peut-etre encore rien écrit de mieux dans la prose italienne ». A dire vrai, la prose de Leopardi a quelque chose d’un peu compassé; elle manque de légereté, meme lorsque le dialogue veut etre badin, et sa langue s’inspire trop peu de l’usage familier, en sorte qu°elle u’échappe pas entie- rement au reproche d’etre artificielle. Mais ces légers défauts sont plus que rachctés par l°admirable netteté et la vigueur que le style donne in la pensée, par le relief et la plasticité de la période, par la cadence et l’harmonie qui résultent du choix judicieux des mots et de leur ordonnance. Complétée par une centaine de Pensées d’inégale longueur, publiéen apres sa mort, et qu’il ne faut pas confondre avec le long journal inbime de ses pensées (voir p. 441), l’<.euvre cn prose de Leopardi reste, Snalgré son faible volume, la plus importante de sa géné- I·l'l'T‘lA'l'UI»l ITAIJINII.