Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/535

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plus un roman, mais un monologue, une suite d’impressions, de souvenirs, de méditations. Il en est d’émouvantes et d’admirables ; mais dans cette œuvre sans ossature on discerne aisément une sorte de décomposition des éléments dont était faite la force de sa production juvénile.

Deux femmes se sont distinguées dans le roman, par des qualités l’une de passion et de verve, l’autre de fine observation dans la peinture des mœurs rustiques et provinciales. La napolitaine Matilde Serao (1856-1927) a été douée d’une remarquable facilité : le journalisme ne suffisant pas à son activité dévorante, elle a prodigué, dans plus de vingt romans, les fantaisies d’une imagination intarissable, fantaisies souvent charmantes, principalement quand elle décrit la vie de Naples (Il Paese di cuccagna, 1891). Il est regrettable que ses récits se ressentent toujours de la hâte avec laquelle ils sont écrits : le relief et le fini font souvent défaut à ses peintures. C’est de Sardaigne que l’autre romancière nous apporte des impressions pleines de saveur et de sincérité : Grazia Deledda (née en 1875) a vite conquis une enviable réputation avec Elias Porzolu (1903) et Cenere (1904). Par la suite, elle a voulu, comme tant d’autres, peindre la société bourgeoise et aristocratique de Rome ou d’autres villes ; elle y a fait preuve d’une moindre originalité. Son œuvre est considérable et on y apprécie un style aisé et une émotion communicative. Deux de ses ron1a11s, Za Madre (1920) et l’Edera (1921), qui l’ont ramenée in la pcinture de son ile natale. sont parmi les mieux conçus et les plus touchants. Un de ses derniers romans, Armalena Bilsini (1928), contient un caractère de femme, dans un milieu d’agriculteurs, qui est une création attachante. Grazia Deledda a eu le