Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/603

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ua nrouvmrmsr LITTIERAIRE ma 1915 A 1930 583 pas la bouche — ne sont pas des étres réels, mais des créations d’un dramaturge qui n’a pas donné de corps at leurs aventures; comme tels ils << existent », ils ne <¢ vivent » pas; ils sont iigés dans une attitude unique, immobilisés dans une situation qui ne se développe pas; aussi désirent—ils trouver un auteur capable de leur communiquer cette vie de Part, quileur assurerait, dans la mémoire des hommes, une existence longue et glo- rieuse, alors que les pauvres humains luttent désespéré— ment pour aboutir promptement ii la mort et at l’oubli. Et voila que ces étres imaginaires, ces pures creations de l’esprit— la brochure insiste sur le fait qu’ils doivent porter des masques destinés a donner at chacun << l’expression immuable de son sentiment fondamental » -—- se mélent at des étres réels, a une troupe d’acteurs occupés a répéter une comédie, et auxquels ils se flattent d’apporter un sujet de drame admirable. Ils essaient de l’exposer, mais quelle confusion l Chacun veut parler de ce qui l’intéresse directement, et leurs explications dégé- nérent en 'perpétuelles contestations. On finit par comprendre ceci : Pere et Mere out eu un Fils, aujour· d’hui adulte. Puis la Mere zt été la maitresse d’un secré— taire du Pere: ce dernier a chassé l’une et l’autre ; le faux ménage a eu trois enfants, la Fille, qui n’a pas vingt ans, un garcon plus jeune et une petite fille. L’amant est mort, et Ia Mere s’est mise a faire de la couture. Pour augmenter ce pauvre revenu, la Fille s’est livrée il la prostitution. Or un jour le Pere, sur la cinquantaine, a eu recours at une basse entremetteuse, qui I’a mis en pré- sence de la Fille; il ne la reconnait pas, mais la Mere surgissant entre eux lui crie : a Brute! C’est ma fille I » Cette situation est toute leur vie : le Pére plie sous le remords, Ia Fille ne respire que vengeance, la Mere suc-