Page:Hauvette - Littérature italienne.djvu/98

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78 LITTERATURE rnuxzunn a quelques lxomnies nourris de fortes études, et tourmentés par les problémes philosophiques les plus sévcres, de réaliser dans leurs vers une conception de la poésie diffici- lement accessible au vulgaire. L’usage a consacré, pour les désigner, le nom d’éc0le du Dolce szil nuovo, d°apres l`expression que Dante a employée lui-méme pour opposer sa maniere a celle des Siciliens et de Guit- tone. On y range, a coté de Dante, Guido Cavalcanti, Lapo Gianni, Dino Frescobaldi, Gianni Al{`ani, Cino da Pistoia. Malgré la variété de styles que l’on observc dans les poésies des uns et des autres — car leur personnalité s’affirme avec une entiére liberté, — ils ont entre eux certains traits communs : la sincérité de l`i·nspiration, une conception trés haute, trés a spirituelle » de l’an1our; un souci constant de l’harmonie du vers et de la noblesse du langage, joint a une pensée subtile, a une psychologie savante et raffinéq. Pour la {`orme, ils n’abusent pas des artitices mécaniques chers at Guittone; leur art plus souple et plus musical aime a s’enricl1ir de strophes nouvelles, comme la ee bullade », qu`ils empruntent a la muse rustique et accueillent an milieu dc leurs canzoni et de leurs sonnets. Pour le fond, l’idéa- lisation de la femme aimée, esquissée déja par Guido Guinizelli, est poussée at Pextréme : u Madonna » est un ange venu du ciel; elle n’a plus rien de terrestre; ses traits sc devinent a peine a travers le rayonnement sur- naturel qui l’enveloppe. Cependant sa beauté souriante n`a rien d’altier, rien de dominateur : ellc a la douceur ct l'humilité des étres paradisiaques, et sa vue inspire toutes les vertus. L’amant tremblc et palit, il sc sent défaillir en présence de tant de pureté. Tous les niouvc- ments de son cocur sont curieusemcnt représcntés par lc