Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affectueuse, — plus affectueuse qu’elle ne l’avait encore été, — non toutefois sans un mélange continuel de taquineries et d’irritabilité. Elle l’apostrophait avec une vivacité grondeuse, puis, abdiquant la roideur habituelle de ses manières, lui demandait tout à coup pardon, mais pour renouveler presque aussitôt le tort dont elle venait de s’excuser.

« Ne vous impatientez pas, chère enfant ! s’écria-t-elle, prenant dans sa main tremblante la main de la jeune fille, quand leurs communs labeurs furent achevés… Si vous saviez comme j’ai le cœur plein !… Ne vous impatientez pas, Phœbé, car je vous aime bien, allez, malgré ces rudesses de langage… N’y faites pas attention, chère enfant !… Peu à peu je deviendrai bonne, et je ne serai plus que cela !

— Ne pourriez-vous, ma cousine, m’apprendre ce qui arrive, et pourquoi vous êtes si émue ? demanda Phœbé avec une sympathie où la gaieté le disputait aux larmes.

— Chut ! chut !… Le voilà qui vient, murmura Hepzibah séchant ses yeux en toute hâte… Qu’il vous voie la première, Phœbé, car vous êtes jeune et fraîche, et, que vous le veuilliez ou non, un sourire émane toujours de vous… Il aime les visages riants… J’ai une vieille figure, à présent, et c’est à peine si mes larmes sont séchées ; or jamais il n’a pu supporter les larmes… Un instant !… Tirez un peu le rideau, de manière à tenir dans l’ombre la place qu’il va occuper !… Mais en même temps laissez entrer du soleil, car il n’a jamais eu pour l’obscurité ce goût que manifestent certaines personnes… Pauvre Clifford !… Il n’a guère connu le soleil depuis sa naissance ; et que d’ombre, en revanche,