Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/149

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un préjugé quelconque, une animosité de vieille date. Me voici, en toute ouverture de cœur, disposé à vous y accueillir, Clifford et vous… Ne refusez pas mes bons offices et les sincères propositions qui ont pour but d’assurer son bien-être. Ce sont celles que, vous deviez attendre de votre plus proche parent… Vous encourez une grave responsabilité, ma cousine, si vous confinez votre frère dans cette triste demeure, dans cette suffoquante atmosphère, lorsque je mets à ses ordres une délicieuse résidence de campagne.

— Elle ne saurait convenir à Clifford, dit Hepzibah, laconique autant que jamais.

— Malheureuse femme ! s’écria tout à coup le Juge emporté par son ressentiment, comment ceci doit-il se comprendre ? Auriez-vous d’autres ressources ?… C’est bien là ce qu’il me semblait !… Prenez garde, Hepzibah ! prenez bien garde !… Clifford, est au seuil d’une nouvelle ruine, tout aussi complète que la première !… Mais pourquoi perdre mon temps à bavarder avec une femme ?… Place ! place ! Il faut que je voie Clifford. »

Hepzibah, étalant pour ainsi dire sa grande taille en travers de la porte, semblait véritablement croître à vue d’œil, et son aspect devenait d’autant plus terrible, qu’elle se sentait au fond du cœur plus d’anxiétés et d’épouvante ; mais le projet du juge Pyncheon, — qui prétendait bien évidemment forcer le passage, — fut déjoué par une voix partie de la pièce du fond, voix plaintive, frêle, tremblante, où se trahissait une vive alarme, sans plus d’énergie défensive que n’en pourrait déployer un enfant pris de peur.

« Hepzibah, Hepzibah ! criait cette voix, à genoux devant cet homme… Baisez ses pieds, s’il le faut !…