Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/157

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confins de l’agonie, — et la mort pour ainsi dire sur les lèvres, — Clifford presserait sans doute la main d’Hepzibah, comme un gage de la fervente reconnaissance qu’il lui devait pour tant d’amour en vain prodigué ; mais il fermerait ensuite les yeux, — et moins pour mourir, peut-être, que pour s’épargner une contemplation désagréable. Pauvre Hepzibah ! elle débattait avec elle-même les moyens de pallier ce défaut de nature, et songea un moment à enrubanner son turban ; mais plusieurs anges gardiens, se précipitant à la fois, vinrent la détourner à temps de cette expérience fatale.

Ne pouvant ignorer qu’elle déplaisait à Clifford, la vierge surannée recourut à Phœbé comme au remède suprême. Aucune jalousie mesquine n’habitait son cœur. Elle eût été heureuse, bien heureuse en vérité, si le Ciel avait récompensé l’héroïque fidélité de sa vie en lui donnant une influence directe et personnelle sur le bien-être et la félicité de Clifford. Mais, puisqu’il n’en était pas ainsi, puisque cette faveur lui était refusée, elle résignait sans peine aux mains de Phœbé la tâche dont elle se sentait incapable. Celle-ci l’accepta gaiement, ainsi qu’elle faisait toutes choses, mais sans se croire investie d’une mission spéciale, et n’en réussissant que mieux par cela même qu’elle agissait en toute simplicité, en toute candeur.

Involontairement, et par le seul effet de son heureuse humeur, Phœbé devint bientôt la condition essentielle au bien-être de ses deux tristes compagnons ; nous serions tentés de dire qu’elle était leur vie elle-même. L’aspect sombre et sordide de la Maison aux Sept Pignons semblait s’être évanoui depuis le jour où