Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/170

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aussi, l’avait longtemps oubliée ; mais aujourd’hui, tandis qu’il se dégageait lentement de cette glaciale torpeur où sa vie toute entière avait failli s’abimer, ce goût d’enfance lui était rendu, plus vif que jamais.

Une fois que Phœbé se fut accoutumée à les noter au passage, on ne saurait croire combien il se produisit d’incidents pleins de charme, au sein de ce désert cultivé. Les excursions capricieuses qu’y venaient faire les abeilles, comptaient parmi ces événements d’une si haute importance. Le ciel sait pourquoi, passant au-dessus de vastes prairies émaillées de fleurs, elles accouraient de si loin à la recherche du miel que pouvaient leur offrir les courges en pleine floraison. Quoiqu’il en soit, Clifford ne les entendait jamais bourdonner au cœur de ces grandes fleurs jaunes, sans regarder autour de lui, avec une joyeuse sensation de chaleur, le ciel azuré, les gazons verts, et sans jouir du souffle de Dieu, parcourant tiède et libre les vastes espaces qui vont de la terre au firmament.

Quand les fèves commencèrent à monter le long de leurs étais, certaine de leurs variétés produisit une fleur de l’écarlate le mieux caractérisé. Le photographe avait trouvé la graine de ces fèves dans le grenier d’un des Sept Pignons, au fond d’une antique commode où les avait logées, pour les semer l’été suivant, quelque horticulteur de la famille, semé lui-même dans les jardins de la Mort, préalablement à l’exécution de ce projet. C’était pour éprouver si dans des graines si vieilles un germe vivant subsistait encore, que Holgrave en avait confié quelques-unes à la terre ; et le résultat de son expérience fut une splendide rangée de fèves montantes, qui déroulèrent à une grande hau-