Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/198

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trassent presque chaque jour, dans les termes d’une intimité assez affectueuse, elle n’était pas très-sûre de le connaître tout à fait.

Notre artiste, à bâtons rompus, lui avait communiqué quelques détails de sa biographie. Si jeune qu’il fût, elle aurait eu de quoi fournir les éléments d’un nouveau Gil Blas, moins romanesque dans notre société américaine que dans toute autre. Holgrave, ainsi qu’il l’apprit à Phœbé (et non sans en tirer quelque orgueil), ne pouvait se vanter ni de son origine ni de son éducation, à moins de revendiquer ce que la première avait d’excessivement humble, ce que la seconde avait de tout à fait insuffisant. Laissé de bonne heure à sa propre direction, il avait appris, encore enfant, à se passer des autres, et ceci convenait admirablement à l’énergique vouloir dont il était doué par le ciel. Comptant à peine vingt-deux ans (à quelques mois près, qui valent des années dans une vie pareille), il avait déjà été maître d’école dans un village, — préposé aux ventes d’un bazar ambulant, — et en même temps, ou peu après, rédacteur politique d’un journal de province. Plus tard, il parcourait la Nouvelle Angleterre et les États du centre comme colporteur attaché à une manufacture d’eau de Cologne et d’autres essences établie dans le Connecticut. Vers la même époque, et comme entreprise épisodique, il étudiait, il pratiquait l’art du dentiste avec un succès remarquable. Puis, agent surnuméraire à bord d’un bateau poste, il était allé en Europe pour n’en revenir qu’après avoir vu l’Italie, une partie de la France et quelques États allemands. Plus récemment encore, il s’était établi pendant quelques mois dans une communauté fourié-