Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/217

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Sur le pignon de la façade existait un cadran solaire vertical, et le charpentier, venant à passer au-dessous, leva les yeux pour prendre note de l’heure.

« Trois heures, se disait-il… Mon père m’a raconté que le cadran fut placé une heure seulement avant le trépas du Colonel. Depuis trente-sept ans qu’il est là, quelle exactitude il a conservée ; — l’ombre se glisse furtive, et se glisse encore, emboîtant le pas derrière le soleil dont elle éteint les rayons un à un ! »

Un ouvrier comme Matthew Maule, mandé chez un gentleman, devait se rendre de lui-même à la porte du fond par où étaient ordinairement admis les gens de service et les travailleurs du dehors ; — tout au moins eût-il été tenu de frapper au guichet latéral, comme les marchands de premier ordre. Mais, outre l’orgueil ou la roideur qui faisait le fond de son caractère, le charpentier, en ce moment, ressentait avec amertume le tort héréditaire fait à sa famille par la construction du grand hôtel Pyncheon sur un terrain qui aurait dû lui appartenir. C’était là, effectivement, que dans le voisinage d’une source célèbre par la qualité de ses eaux, son grand-père avait mis à bas les pins de la forêt primitive, et construit un cottage où des enfants lui étaient nés : aussi le colonel Pyncheon, pour avoir les titres de cette propriété, avait-il été réduit à les arracher des doigts crispés d’un cadavre. C’est pourquoi le jeune Maule marcha droit à l’entrée principale, ouverte sous un portail de chêne sculpté ; une fois là, il mit si bien en œuvre le marteau de fer, qu’on eût pu croire « le vieux sorcier » lui-même au seuil de son ancienne maison.

Le nègre Scipion répondit à cet impérieux appel avec une hâte prodigieuse. Mais quand il ne vit per-