Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/219

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un piédestal, une femme de marbre, n’ayant que sa beauté pour tout vêtement. Çà et là, sur les murs, quelques toiles aux couleurs adoucies et fondues par le travail des ans. Près de la cheminée, un grand et magnifique cabinet d’ébène incrusté d’ivoire, antique meuble que M. Pyncheon avait acquis à Venise, et dans lequel étaient précieusement classées les médailles, les monnaies anciennes et toutes les menues curiosités coûteuses qu’il avait collectionnées pendant ses voyages. Cette décoration variée, néanmoins, n’enlevait pas à la pièce son caractère original, dû au peu de hauteur de ses lambris, aux poutres entrecroisées qui soutenaient le plafond, à l’ampleur de la cheminée garnie de briques hollandaises, suivant une ancienne mode ; elle offrait ainsi l’emblème d’une intelligence industrieusement fournie d’idées étrangères, laborieusement parvenue à un certain degré de raffinement artificiel, mais qui ne s’en trouve ni plus vaste, ni, à vrai dire, dans ce qui lui appartient en propre, plus élégante qu’auparavant.

Deux objets, en particulier, semblaient convenir assez peu à un appartement meublé avec autant de recherche. Une ample carte, d’abord, — ou plutôt le plan cadastral d’une contrée quelconque, — plan qui paraissait dater de bien des années, enfumé qu’il était maintenant, et portant par endroits la trace des doigts qui l’avaient tour à tour parcouru. L’autre était le portrait d’un austère vieillard, vêtu du costume des Puritains, et peint assez grossièrement, mais d’une touche hardie et mettant énergiquement en relief l’expression caractéristique de l’original.

Auprès d’une petite table, devant un feu de houille