Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/223

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Matthew Maule et le propriétaire des Sept Pignons, sur le sujet ainsi abordé par ce dernier. Il paraît, — M. Pyncheon hésitait en parlant de rumeurs si absurdes au premier coup d’œil, — que la croyance populaire établissait quelques rapports mystérieux entre la famille des Maule et ces vastes domaines des Pyncheon, encore à l’état de vague espérance. C’était un propos fréquent que « le vieux sorcier, » nonobstant sa pendaison, l’avait finalement emporté dans sa lutte avec le colonel Pyncheon, attendu qu’en échange d’une acre ou deux de jardin potager, il avait pris possession du grand territoire oriental. Une femme très-âgée, et qui venait de mourir, répétait souvent au coin du feu — se servant d’une métaphore éloquente — « qu’on avait jeté à la pelle, dans la fosse de Maule, des lieues et des lieues de terre appartenant aux Pyncheon, et que le tout avait cependant tenu dans ce petit creux situé entre deux rochers, presque au sommet de Gallows-Hill[1]. » De plus, lorsqu’on voyait les hommes de loi remuer ciel et terre pour retrouver le document perdu, on se répétait proverbialement que « pour le trouver il faudrait ouvrir la main du sorcier devenu squelette. » Et ces mêmes gens de loi s’étaient si bien préoccupés de ces propos fabuleux, qu’ils avaient fait secrètement fouiller la tombe de Matthew Maule, — circonstance étrange que M. Pyncheon ne crut pas à propos de faire connaître au charpentier. Ces recherches d’ailleurs n’avaient produit aucun résultat ; il n’en était sorti qu’une découverte inexplicable. — C’est que la main droite du squelette avait disparu.

  1. Gallows-Hill, la Colline aux Potences.