Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

après avoir vainement poussé ses recherches de tous côtés… Clifford est parti ! »

Au même moment, sur le seuil de cette porte, et sortant évidemment du salon, Clifford apparut en personne !… Son visage était extraordinairement pâle, et d’une blancheur si cadavéreuse que, dans l’ombre flottante du corridor, Hepzibah distingua ses traits comme si quelque lumière habilement dirigée les éclairait seuls. Leur expression, folle et joyeuse, eût d’ailleurs suffi pour les faire ainsi rayonner ; elle était parfaitement d’accord avec le mépris et la raillerie que toute son attitude indiquait.

Debout sur le seuil, et se détournant à demi, Clifford montrait du doigt l’intérieur du salon avec une sorte de lenteur solennelle, comme s’il eût convoqué non-seulement Hepzibah, mais l’Univers entier, à venir s’amuser d’un spectacle éminemment ridicule.

Ce geste, si hors de saison et si extravagant, — accompagné d’ailleurs d’un regard où la joie prédominait sur toute autre émotion, — fit craindre à Hepzibah que la sinistre visite de son austère cousin n’eût définitivement poussé Clifford dans l’abîme de la folie. Quant à l’immobilité du Juge, elle ne pouvait se l’expliquer qu’en le supposant sur ses gardes, et guettant avec avidité les symptômes qui lui livraient sa victime.

« Du calme, Clifford ! murmura Hepzibah, levant la main pour le convier à plus de prudence. Tranquillisez-vous, calmez-vous, pour l’amour de Dieu !

— C’est à lui de se calmer… Qu’a-t-il de mieux à faire ? répondit Clifford avec un geste encore plus absurde, et montrant toujours la pièce d’où il venait de