Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/324

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de cette montre qu’il n’a cesse de tenir à la main depuis qu’Hepzibah est sortie du salon pour aller chercher Clifford. Qu’on se l’explique comme on voudra, ces petites pulsations régulières qui, seconde à secondé, marquent le cours du temps dans cette main du juge Pyncheon, désormais immobile et crispée, produisent un effet de terreur bien plus saisissant qu’aucun autre détail de cette scène étrange.

Mais, écoutez !… Voici une bouffée de vent plus bruyante que les autres ; elle n’a plus ce son plaintif qui depuis cinq jours attristait, désolait l’humanité sympathique. — Le vent a sauté ! — Il vient maintenant du nord-ouest, brusque et tapageur ; et, s’insinuant dans les vieilles charpentes des Sept-Pignons ; les secoue, les agite, les ébranle comme un lutteur qui essaye la force de son antagoniste. L’antique maison craque dans toutes ses jointures, et par les tuyaux engorgés de l’âtre énorme pousse je ne sais quelle clameur inarticulée ; à l’étage supérieur, une porte vient de battre. Peut-être a-t-on laissé une fenêtre ouverte ; peut-être le souffle puissant s’est-il chargé de l’ouvrir. On ne sait guère, quand on n’en a pas l’expérience, quels merveilleux instruments à vent peuvent devenir ces vieilles maisons de bois, et quels chants, quels soupirs, quels sanglots, quels cris perçants elles poussent tour à tour. — En vérité, tout cela est sinistre ! — C’est trop que cette clameur du vent, cette immobilité du Juge assis dans les ténèbres, et ce tic-tac obstiné qui frappe les parois sonores de sa montre !

L’horreur ténébreuse, cependant, va diminuer. Le vent du nord-ouest a balayé les nuages du ciel. On entrevoit plus distinctement la fenêtre ; derrière les