Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/338

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Survint, allant à l’école, maître Ned Wiggins, le gourmand omnivore que nous connaissons. Pour la première fois depuis quinze jours, il était en possession d’un cent, et comptait bien se régaler de quelque éléphant ; peut-être aussi, à l’instar d’Hamlet, voulait-il « dévorer un crocodile. » La clochette répondait à ses efforts désespérés par quelques faibles tintements, qui semblaient se rire des efforts du petit drôle. Cramponné à la poignée de la porte, et par une fente des rideaux, il vit complètement fermée la communication intérieure du magasin avec le corridor qui menait au salon. Exaspéré du silence qui continuait à régner, le marmot ramassa une pierre qu’il allait gaillardement lancer à travers les carreaux, quand deux hommes venant à passer, l’un d’eux arrêta son bras redoutable. Après s’être fait expliquer de quoi il s’agissait, et avoir expédié notre affreux petit gourmand vers un autre magasin situé au coin de la rue voisine :

« Il est bien étrange, Dixey, ajouta-t-il, s’adressant à son compagnon, que tous ces Pyncheon soient sujets à quelque accident. Le groom du Juge, qui est allé, par son ordre, l’attendre à la porte de la maison où il dînait, n’a pas encore vu sortir son maître. Les domestiques, sens dessus dessous, ne peuvent rien comprendre à cette conduite si extraordinaire. Jamais encore, depuis qu’ils sont à son service, le Juge n’avait découché.

— Bon ! bon ! vous verrez qu’il se retrouvera, répliqua Dixey ; et quant à la vieille Pyncheon, elle aura levé le pied pour échapper aux poursuites de ses créanciers… Je vous disais bien, lorsqu’elle ouvrit son ma-