Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/343

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— Sans doute, sans doute, ajouta Dixey. Mais voyez un peu, j’avais toujours entrevu quelque chose d’infernal dans l’affreuse grimace de cette vieille femme ! »

Les deux hommes, en conséquence, revinrent sur leurs pas et remontèrent la rue. L’Italien, qui s’en allait aussi, marcha longtemps le menton sur l’épaule, jetant un regard d’adieu à la Croisée en ogive. Quant aux enfants, ils prirent immédiatement leurs jambes à leur cou, et décampèrent comme si quelque géant ou quelque ogresse s’étaient mis à leurs trousses. Pendant le reste du jour, les plus timides faisaient de grands détours afin d’éviter la Maison aux Sept Pignons ; les plus hardis, par contre, signalaient leur témérité en défiant leurs camarades à qui passerait au galop devant cette maison maudite.

Le joueur d’orgue n’avait pas disparu depuis plus d’une demi-heure, lorsqu’un fiacre descendit la rue au grand trot. Il s’arrêta sous l’Orme Pyncheon ; le cocher prit sur l’impériale de la voiture une malle, un sac de tapisserie et un carton qu’il déposa sur le perron du vieil hôtel ; à l’intérieur du cab se dessina d’abord un chapeau de paille, puis le frais et riant visage d’une jeune fille. C’était Phœbé ! Un peu moins sereine, un peu moins épanouie que nous ne l’avons vue débarquer au même endroit dès le début de notre récit, elle rapportait cependant avec elle cette clarté radieuse et tranquille, ce réalisme gracieux, ennemi des chimères, qui chez elle étaient des dons de nature. C’est tout au plus, cependant, si nous voudrions lui voir franchir à ce moment le seuil de la Maison aux Sept Pignons ; il faudrait, en tout cas, la prévenir de l’effrayant spectacle qui l’attend là, — cette même vision du Juge immobile