Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/345

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conclut que sa cousine Hepzibah lui avait fait peur, ce qui, après tout, n’aurait rien eu que de très-ordinaire. À sa vue, en effet, ou bien les enfants s’effarouchaient, ou bien ils se livraient à des rires inconvenants.

Cet incident fit d’autant mieux sentir à Phœbé combien, en son absence, la maison s’était faite impénétrable et mystérieuse. Elle ne vit d’autre ressource que d’entrer dans le jardin, où elle s’estimait sûre, par une si tiède et si brillante journée, de trouver Clifford et même Hepzibah, réunis sans doute sous la tonnelle. Dès qu’elle y parut, les poules vinrent au-devant d’elle, moitié voletant, moitié courant, tandis qu’un matou étranger, qui montait la garde sous la fenêtre du salon, prit tout à coup le galop, grimpa précipitamment sur la palissade, et s’évanouit comme une ombre légère. La tonnelle était vide ; sur le plancher, la table et le banc circulaire, encore chargés d’humidité, s’étalaient, dans tout le désarroi de la dernière tempête, les feuilles dont le vent les avait jonchés. Le jardin, du reste, avait une physionomie plantureuse, échevelée, qui attestait à la fois l’absence de la jeune fille et l’influence d’une longue pluie ; les mauvaises herbes, de tous côtés, empiétaient sur le domaine des fleurs et des légumes. La source de Maule avait débordé de son lit de pierre et, dans le coin du potager, formait un étang d’une largeur formidable.

Le tableau, dans son ensemble, était celui d’un endroit où pas un pied humain n’avait laissé son empreinte depuis plusieurs jours, — depuis le départ de Phœbé très-probablement, — car elle retrouva sous la table du pavillon un petit peigne à elle qui avait dû