Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/361

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reconnaître tout vil métal et lui ôte son prestige. Les bruits, les médisances dont nous parlons avaient trait, pour la plupart, à des faits déjà vieux de trente ou quarante ans, c’est-à-dire à l’assassinat présumé dont aurait été victime l’oncle du juge Pyncheon. L’opinion des médecins sur le décès de ce dernier, semblait par elle-même repousser l’idée qu’un meurtre eût été commis dans le plus ancien de ces deux cas. En outre, il existait des circonstances indiquant d’une manière irréfragable qu’au moment où l’ancien Jaffrey Pyncheon avait rendu l’âme, quelqu’un s’était introduit furtivement dans son domicile. Son écritoire et les tiroirs de son secrétaire avaient été mis au pillage ; il y manquait de l’argent et des objets de prix ; sur les draps du vieillard s’était retrouvée l’empreinte d’une main sanglante, et par un enchaînement de déductions puissamment liées l’une à l’autre, il avait bien fallu rendre responsable soit du vol, soit du prétendu meurtre, le malheureux Clifford qui résidait alors avec son oncle dans la Maison aux Sept Pignons.

Mais aujourd’hui, cette chronique du passé ne devait plus être envisagée sous le même aspect, et cela, disait-on, grâce à l’intervention d’un Voyant magnétique auquel le photographe avait eu recours, et qui, les yeux fermés, s’était permis d’y voir plus clair que la Justice, malgré le bandeau traditionnel dont elle se couvre les yeux.

Suivant la version nouvelle, le juge Pyncheon — qui nous est apparu sous des dehors si exemplaires, — était dans sa jeunesse un incorrigible mauvais sujet, adonné aux plus basses débauches, prodigue au delà de toutes bornes, et n’ayant d’autres ressources