Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/68

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bre et poli, laquelle, daignant se promener toute seule, aurait été universellement reconnue pour appartenir à ce maître considérable. Ainsi pour chaque détail de son extérieur : on trouvait dans tous un personnage marquant, influent, autorisé ; il suffisait de le voir pour être certain de son opulence, aussi certain que s’il vous eût montré l’extrait de son compte courant à la Banque ; on n’y aurait pas cru davantage si, portant ses mains sur les rameaux de l’Orme-Pyncheon, il les eût, ainsi que le Midas de la Fable, transmués en or du meilleur titre.

Jeune, il avait dû passer pour un bel homme ; maintenant son front était trop large, ses tempes étaient trop dénudées, ce qui lui restait de cheveux était trop gris, le lustre de son œil était trop éteint, ses lèvres se pressaient trop l’une contre l’autre pour qu’il conservât aucunes prétentions de ce côté. Comme modèle cependant, il lui restait de quoi tenter un artiste, son visage se prêtant aux interprétations les plus différentes.

On s’en aperçut bien au moment où il regarda l’Orme-Pyncheon. Son œil s’était arrêté d’abord sur l’étalage dont le premier aspect sembla le choquer, et néanmoins, la minute d’après, il se prit à sourire. Tandis que ses lèvres souriaient encore, il entrevit Hepzibah qui s’était involontairement penchée à la fenêtre, et leur expression changea immédiatement ; d’aigre et malveillant qu’il était, le sourire devint radieux, courtois, sympathique. Avec un heureux mélange de dignité polie et de condescendance affectueuse, le gentleman salua, puis se remit en chemin.

Le voilai se dit Hepzibah ravalant une amertume