Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/69

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secrète… Que doit-il penser de tout ceci ?… Approuve-t-il ce que j’ai fait ?… Ah ! le voilà qui regarde encore ! »

Le gentleman s’était arrêté dans la rue, et, se retournant à demi, continuait à couver des yeux la fenêtre du magasin. En définitive, il fit complétement volte-face et avança d’un pas ou deux comme pour entrer chez Hepzibah ; mais le hasard voulut qu’il fût distancé par la première pratique de la noble marchande, le petit cannibale aux « bons-hommes ; » qui cette fois cédant à un irrésistible attrait, venait marchander un éléphant en pain d’épices. Pendant qu’il en débattait le prix, le gentleman âgé s’était remis en route et avait tourné le coin de la rue.

Prenez-le comme vous voudrez, cousin Jaffrey ! murmura la vieille demoiselle retirant la tête après avoir regardé avec précaution des deux côtés de la rue. Prenez-le comme vous voudrez !… Vous avez vu ma petite boutique ! Eh bien, après, qu’avez-vous à dire ? Tant que je vivrai, n’ai-je pas mon droit sur Pyncheon-House ? »

Là-dessus, Hepzibah battit en retraite dans l’arrière-salon, où elle s’occupa tout d’abord d’un bas à moitié fini ; mais elle y travaillait avec une impatience nerveuse et de brusques soubresauts, tirant et cassant les fils à droite et à gauche. Aussi finit-elle, impatientée, par jeter de côté son tricot pour arpenter la chambre à grands pas. Bientôt elle s’arrêta devant le portrait du vieux Puritain austère, le premier de ses ancêtres, le fondateur de leur race. En un sens, ce portrait noirci, encrassé, semblait s’être en partie absorbé dans la toile ; d’un autre côté, jamais, depuis son en-