Page:Hawthorne, La maison aux sept pignons, Hachette, 1886.djvu/76

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à moi… Dans tous les cas, le Juge s’est incliné en me souriant !

— Oui, dit Hepzibah, d’un ton où quelque amertume se glissait à son insu, mon cousin Jaffrey passe pour sourire le plus agréablement du monde.

— Et c’est à bon droit, reprit l’Oncle Venner ; chez un Pyncheon la chose est assez remarquable, car, sauf votre respect, miss Hepzibah, ils n’ont jamais été renommés pour leur facilité d’humeur ou leur bienveillance… On ne gagnait rien à les hanter de trop près… À présent, miss Hepzibah, si la question n’est pas trop hardie pour un vieux bonhomme tel que moi, ment se fait-il que le juge Pyncheon, amplement pourvu comme il l’est, ne vienne pas trouver sa cousine pour la prier de fermer boutique immédiatement ?… Il vous sied fort bien de vouloir faire quelque chose, mais il ne sied pas au Juge de permettre qu’il en soit ainsi.

— Si vous voulez bien, Oncle Venner, nous laisserons là ce sujet, dit Hepzibah d’un ton assez froid… Je dois reconnaître, cependant, que si je prétends gagner mon pain, ce n’est pas la faute du juge Pyncheon… Et il ne faudrait pas non plus le blâmer, ajouta-t-elle avec plus de bonté, se rappelant les priviléges que l’âge et l’humble familiarité de l’Oncle Venner lui permettaient de revendiquer, si je jugeais à propos, dans un temps donné, de me retirer avec vous dans votre ferme.

— L’endroit n’est pas si mauvais, s’écria gaiement le vieillard, comme si cette perspective lui était particulièrement agréable ; la grande ferme de briques peut avoir son charme, surtout pour ceux-là qui, comme