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— Dis-le-moi, je t’en prie, demanda Eustache.

— Eh bien, je toucherais chacune de ces feuilles dorées avec le doigt de ma main gauche, et je leur rendrais leur ancienne verdure ; de cette manière nous nous retrouverions tout d’un coup en plein été, et en même temps, d’un seul trait, je supprimerais ce vilain hiver.

— Vous auriez bien tort, Pervenche, et vous commettriez une grande faute. Si j’étais Midas, moi, je ne voudrais créer que des jours dorés comme ceux-ci, sans cesse et sans cesse, toute l’année durant. Mes meilleures idées me viennent toujours trop tard. Pourquoi ne vous ai-je pas conté comment le vieux roi Midas avait débarqué en Amérique, et changé le sombre automne, tel qu’il existe dans les autres pays en une saison d’une beauté si éclatante dans le nôtre ? C’est Midas qui a doré les feuilles du grand livre de la nature.

— Cousin Eustache, dit Joli-Bois, gentil petit garçon toujours disposé à faire mille questions sur la hauteur précise des géants et la petitesse imperceptible des fées, quelle était la taille de Marie-d’Or, et combien pesait-elle après sa métamorphose ?

— Elle était à peu près aussi grande que toi, répliqua Eustache ; comme l’or est très-lourd, elle devait peser au moins deux mille livres et aurait pu être frappée en monnaie pour un peu plus de trois