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devint aussi fou et presque aussi coupable qu’elle. C’est pourquoi, toutes les fois qu’il nous arrivera de blâmer Pandore à cause des suites de son action, n’oublions point de hausser les épaules en pensant à son complice.

La pauvre enfant n’eut pas plus tôt soulevé le couvercle, que la cabane se remplit de ténèbres et d’horreur. Le nuage sombre avait tout à fait glissé sur le disque du soleil, et semblait l’avoir enseveli pour toujours. On entendait depuis quelques instants un bruit sourd et lointain, qui aussitôt éclata comme un violent coup de tonnerre. Mais Pandore, sans faire attention à ces présages, leva entièrement le couvercle, et plongea son regard dans l’intérieur. Alors un essaim de petites créatures ailées se heurtèrent vivement contre son visage, en s’envolant de leur prison ; et au même instant elle reconnut la voix de son ami, qui s’écriait d’un ton lamentable :

« Oh ! je suis piqué ! je suis piqué ! Méchante Pandore, pourquoi as-tu ouvert cette maudite boîte ? »

Pandore lâcha le couvercle, qui retomba ; et, se redressant, elle regarda autour d’elle, pour s’assurer de ce qui était arrivé à Épiméthée. Le nuage avait tellement assombri la chambre, qu’il lui fut impossible de rien distinguer. Elle entendit seulement un bourdonnement désagréable, comme celui qu’auraient pu faire un grand nombre de grosses mouches, d’énormes moustiques, de guêpes, de