Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/146

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
115

Mais (et vous pourrez voir quelle calamité pour le monde entier est causée par la mauvaise action d’un seul individu) Pandore en soulevant le couvercle de la boite, Épiméthée, en n’arrêtant pas sa compagne, permirent à toutes les Peines de prendre un tel pied parmi nous, qu’il y a peu de chances qu’elles se laissent chasser facilement. En effet, il était impossible aux deux enfants, comme vous pouvez le penser, de garder renfermée dans leur étroite cabane cette nuée de petits monstres volants, Au contraire, la première chose, qu’ils firent fut d’ouvrir toutes grandes les portes et les fenêtres, dans l’espoir de s’en débarrasser. Les Peines, désormais libres et en sécurité, prirent leur vol avec vitesse, se répandirent au dehors, et allèrent accabler de mille tourments les habitants de la terre jusque-là si heureux, et que pendant longtemps personne ne vit plus sourire. Toutes les fleurs, toutes les plantes, dont jusqu’alors pas une ne s’était flétrie, commencèrent à se pencher et à perdre leurs feuilles les unes après les autres. Les enfants, qui semblaient immortels, grandirent de jour en jour, arrivèrent bientôt à l’adolescence, devinrent des hommes et des femmes d’un âge mûr, enfin des vieillards cacochymes, avant d’avoir même songé à la vieillesse.

Cependant la méchante Pandore et le non moins coupable Épiméthée restèrent dans leur cabane.