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peu près au moment où le soleil va se coucher. Eustache pensa qu’il n’avait jamais vu de spectacle si pur et si beau. Il se trouvait heureux que les enfants ne l’eussent pas accompagné ; car leur pétulance et leur amour de culbutes n’auraient pas manqué de troubler chez lui des idées d’un ordre bien autrement élevé. Il aurait tout bonnement gagné à cela un peu de gaieté (comme il en avait déjà eu depuis le commencement de la journée), et n’aurait pas été témoin intelligent de la beauté d’un coucher de soleil d’hiver au milieu des collines.

Il faisait déjà sombre. Notre ami Eustache revint à la maison pour l’heure du souper. En sortant de table, il se retira dans son cabinet de travail, avec le projet, j’en suis sûr, d’écrire une ode, deux ou trois sonnets, ou des strophes quelconques, pour chanter les nuages d’or et de pourpre qu’il avait vus entourant le trône de l’astre du jour. Mais, avant qu’il eût chevillé la première rime, sa porte s’ouvrit et Primerose entra avec Pervenche.

« Enfants, allez-vous-en ! Il ne faut pas me déranger dans ce moment, s’écria l’écolier en les regardant par-dessus son épaule, et la plume à la main. Que pouvez-vous avoir à me demander ? Je vous croyais tous couchés !

— Écoute-le donc, Pervenche ! dit Primerose, en essayant de s’exprimer comme une personne sérieuse. Il semble oublier que j’ai maintenant treize