Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
136

nance d’en avoir jamais vu. Les enfants, néanmoins, étaient habitués à écouter, bouche béante, les récits qu’on faisait de ce pommier extraordinaire, et prenaient la résolution d’aller à sa découverte aussitôt qu’ils seraient grands. Maints jeunes gens aventureux, et désirant faire une action d’éclat qui les rendît célèbres, se mirent en route, à la recherche de la merveille ; mais on ne les revit jamais, et aucun d’eux ne rapporta une seule de ces pommes d’or. Il ne faut pas s’en étonner : on dit que l’arbre était gardé par un dragon à cent têtes, dont cinquante étaient toujours au guet, pendant que les autres sommeillaient.

Suivant moi, une pomme d’or ne valait pas la peine que l’on affrontât de si grands dangers. Si ces pommes avaient été douces, tendres, savoureuses, c’eût été une autre affaire. Il y aurait eu quelque bon sens à en tenter la conquête, malgré le dragon à cent têtes.

Comme je vous l’ai déjà fait remarquer, il n’était pas rare de voir des jeunes gens, ennuyés chez eux de trop de calme et de repos, aller à la découverte du jardin des Hespérides. Une fois, l’aventure fut entreprise par un héros qui n’avait jamais eu de tranquillité depuis le jour de sa naissance. À l’époque dont nous parlons, il errait en Italie avec une énorme massue à la main, un arc et un carquois sur les épaules. Il était revêtu d’une peau de lion