Page:Hawthorne - Le Livre des merveilles, première partie, trad. Rabillon, 1858.djvu/176

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
138

chercher, après avoir éprouvé tant de désappointements à cet égard. Mais, aventureux voyageur, dans quel but voulez-vous y aller ?

— Un certain roi, mon cousin, m’a donné l’ordre de lui procurer trois pommes d’or.

— La plupart de ceux qui vont à la recherche de ces pommes, dit une autre beauté, désirent les obtenir pour eux-mêmes ou pour les offrir en présent à l’objet de leur amour. Avez-vous donc pour ce roi, votre cousin, une affection si vive ?

— Hélas ! répondit-il avec un soupir, il a souvent été sévère et cruel envers moi ; mais il est dans ma destinée de lui obéir.

— Et savez-vous, demanda celle qui avait parlé la première, qu’un terrible dragon à cent têtes monte continuellement la garde sous le pommier aux fruits d’or ?

— Oui, je le sais, répliqua-t-il avec calme. Mais depuis mon enfance j’ai eu continuellement affaire aux serpents et aux dragons. »

Les jeunes filles jetèrent un regard sur la peau de lion qui l’entourait, sur sa figure et ses membres tout empreints d’héroïsme ; puis elles se dirent tout bas que l’étranger paraissait bien capable d’accomplir des exploits beaucoup plus éclatants que le reste des humains. Oui ; mais le dragon aux cent têtes ! Quel mortel, eût-il cent existences, serait assez fort pour échapper aux terribles étreintes