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ruisseau. En voguant elle vint effleurer le rivage, à peu de distance de l’endroit où Hercule était alors.

Il comprit immédiatement ce qu’il avait à faire, car il n’avait pas traversé tant d’événements remarquables sans apprendre à se conduire dans toutes les circonstances, même en dehors de la règle commune. Il était clair comme le jour que cette coupe merveilleuse avait été jetée sur les flots par une puissance invisible, et poussée dans cette direction pour le transporter au jardin des Hespérides. En conséquence, sans perdre un instant, il enjamba les bords de la coupe et se laissa glisser au fond, où, étendant sa peau de lion, il se disposa à prendre un peu de repos ; il en avait, à peine eu le temps depuis qu’il avait adressé ses adieux aux jeunes filles. Les vagues battaient les flancs de ce nouvel esquif, dont elles tiraient des sons agréables. Elles le berçaient si doucement que notre héros, cédant à cette douce influence, ne tarda pas à s’endormir profondément.

Il est probable qu’il dormait depuis longtemps, lorsque la coupe se heurta aux flancs d’un rocher, ce qui la fit résonner avec cent fois plus de bruit que n’en fit jamais la plus grosse cloche d’église. Hercule, aussitôt réveillé, se mit à regarder autour de lui pour savoir où il se trouvait. Il reconnut bientôt que la coupe avait fait une longue navigation et était près d’aborder à une terre qu’il